J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 15 de ce mois contenant l’extrait de celle qui vous est adressée par le collecteur de Charleston relativement à la Corvette Française le Télégraphe. Le batiment, Monsieur, ayant mis à la voile de Charleston, il y a près de deux mois, l’avis du Collecteur est aujourdhui sans objet. Je prendrai la liberté, Monsieur, de vous faire remarquer que cette lettre justifie les plaintes verbales que j’ai eu l’honneur de vous porter sur la visite qui avait été faite à bord de cette Corvette. Le manque d’ègards au Gouvernement Français comme vous le voyez, Monsieur, est constaté par la lettre même du Collecteur. Il vous paraitra surement, Monsieur, que cet officier aurait du avoir assez du respect pour le Pavillon d’une puissance amie pour ne pas faire une demarche aussi offensante sur la seule allégation de Mr. le Consul Britannique. J’ajouterai que jamais je n’ai vui [sic] parler d’augmentation à l’armament du batiment en question et que la fabrication à bord d’un nouvel affut de canon ne me paraitrait en aucune manière rentrer dans la définition des choses que la neutralité d’un Etat peut interdire.1

Je me trouve, monsieur, dans le cas de vous défèrer un fait qui vient de se passer dans le même Port et qui est de nature a exiger l’intervention du Gouvernement des Etats Unis. La Corvette francaise l’africaine qui allait de la Havanne à Sto. Domingo a relâché à Charleston le 3 de ce mois dans un trés grand état de détresse. Elle était mouillée avec un Pilote à bord près de la Barre pour attendre la marèe. Elle y a été prise par deux corsaires anglais qui sont entrés à Charleston. Le procèdé, Monsieur, est une violation manifeste de la jurisdiction des Etats Unis, & j’attens avec confiance les mesures que Monsieur le Président des Etats Unis prendra pour faire restituer cette prise illègale. Agreez, Monsieur, l’assurance de mon respect et celle de ma haute considèration.